Sabine ROIRAND, Maire du Poiré – sur -Vie et vice-présidente de la communauté de communes Vie et Boulogne
Je suis élue depuis 1996 et en tant que maire à partir de 2015. La vice-présidence de la communauté de communes de Vie et Boulogne m’a été confiée dès 2015 sur la question du développement durable et de la mobilité.
C’est un sujet qui m’intéressait beaucoup, car j’étais déjà sensibilisée aux changements climatiques et aux enjeux, mais j’avais tout à apprendre… et j’ai beaucoup appris, notamment grâce au Plan Climat qui a permis de structurer notre méthodologie.
Dans la mise en oeuvre du Plan climat, nous avons été confrontés à la difficulté de faire changer les habitudes : il y a ceux qui sont sceptiques, ceux qui ne veulent pas en entendre parler et ceux qui sont déjà sensibilisés et qui trouvent que l’on n’en fait pas assez. Nos premières actions ont d’ailleurs touché ceux qui étaient déjà sensibilisés. Néanmoins des messages ont été entendus et ont agi sur la prise de conscience et les gestes du quotidien des habitants. Mais sur des sujets plus profonds, liés à l’organisation personnelle et à notre confort individuel à tous, on voit bien qu’il est difficile de changer durablement nos modes de vie. Plus encore quand il s’agit de passer à des sujets plus fondamentaux qui touchent à la sobriété, à la modification de nos
organisations…
Comme dans la population, au niveau des élus, il y avait des écarts importants sur la sensibilisation et les investissements. Aux élections de 2020, la prise en compte du sujet des transitions a beaucoup évolué :
dans le programme de toutes les communes, il y avait un volet écologie ou développement durable. Les nouveaux élus municipaux ont eu des attentes fortes sur ce sujet. C’était une évolution plutôt positive. Malheureusement, au-delà de la volonté, on se heurte à cette question de moyens financiers et de budgets à mobiliser, avec des ajustements à trouver en termes de priorités, de changement de contexte économique
et de visibilité.
J’ai rejoint le bureau du SyDEV en 2020. Le Sydev est un vrai soutien dans la démarche, notamment dans la coordination et le pilotage des actions (apport d’outils, expertise et ingénierie) et a démontré une volonté d’accompagnement qu’il faut saluer. C’est le SyDEV qui nous a proposé de rejoindre le programme TES. J’ai mis du temps à accepter. Il y avait plusieurs freins à ma décision : le fait de ne pas aller assez vite, alors même qu’il y avait une urgence sur certains dossiers comme sur la mobilité. J’avais le sentiment que cela allait nous retarder dans nos projets… L’autre frein concernait le temps que cela demande aux élus. Enfin, j’étais vigilante sur le fait de choisir une expérimentation qui est très ciblée et ne permet pas de couvrir tout le territoire. Le président de la communauté de communes a convié les élus à une conférence des maires pour présenter la démarche et faciliter l’adhésion. Finalement, c’est l’intérêt de la démarche qui m’a convaincue. Les deux jours de la formation-action modes de vie ont « donné le ton » et ont mobilisé des agents et une entreprise. C’était motivant, ça a permis une prise de conscience collective : ce n’était pas uniquement la commission et la vice-présidente en charge du dossier qui s’emparaient du sujet. Car on ne peut pas y aller tout seul, on ne sera pas crédibles et on ne va pas embarquer ! Et la formation a permis de se poser de nombreuses questions, pour structurer notre approche, mobiliser les partenaires, approfondir le sujet…
La volonté politique, la prise de conscience des enjeux, l’ouverture sur la coopération et l’engagement collectif ont été des ingrédients facilitants du projet. Les entreprises nous attendaient et ont plutôt bien accueilli notre approche. Néanmoins, il ne faut pas se disperser, car le résultat sur les mobilités sera visible lorsqu’on percevra des changements d’habitudes et des modifications dans les usages. On est bien conscients que la réussite dépend aussi de la mise en place des outils que l’on
peut apporter.
Pour moi, cette expérimentation n’est pas terminée, car la mobilité est un sujet de longue haleine qui induit des changements de regards sur la voiture individuelle, notre façon d’aménager le territoire et de penser nos événements. On voit déjà se développer la pratique du vélo pour les déplacements domicile-travail, les loisirs… À l’appui de cette expérimentation, on peut alors envisager de progresser sur notre stratégie mobilité plus large : sur la question du versement mobilité par exemple, sur l’opportunité de la mise en place d’une navette…